Etat des lieux égalité homme femme

Etat des lieux égalité homme femme

L'objectif 5 des ODD vise à atteindre l’égalité des sexes et à autonomiser les femmes. 

Bien que les inégalités entre les sexes se soient réduites ces dernières années au Cameroun, les femmes continuent de subir des discriminations et des violences. Les grandes lignes suivies par cet objectif sont celles de la garantie d’accès des femmes à l’éducation, aux soins de santé, à un travail de qualité et à une représentation politique.

Indicateurs

  • Proportion de femmes Dans le secteur de l’éducation
  • Proportion de femmes Dans le secteur de la santé
  • Proportion de femmes victimes de violences au sein et en dehors du ménage chaque année.
  • Proportion de femmes Sur le plan socioéconomique
  • Le taux de chômage féminin
  • Proportion de femmes dans le domaine de l’économie numérique
  • Proportion de femmes dans
  • Temps consacré au travail domestique au cours d’une journée moyenne par sexe.
  • Proportion de femmes en matière de leadership et participation
  • La prise en compte du genre Sur le plan institutionnel
  • Écart de salaire entre homme et femme à poste équivalent

Où en sommes-nous au Cameroun ?

Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et des efforts en faveur d’un développement durable, le Cameroun a élaboré en 2009 le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) qui constitue le cadre de référence des interventions gouvernementales pour la période 2010-2020 et s’adosse sur les Objectifs de Développement Durable (ODD). A travers cet instrument, le Gouvernement affirme la volonté de centrer ses actions sur la création des richesses, pour assurer une bonne distribution des fruits de la croissance. Il affirme aussi la volonté de poursuivre la réalisation des ODD dans leur ensemble, afin de devenir un pays émergent à l’horizon 2035.

Parmi les priorités définies dans le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi, la thématique de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes occupe une place importante, tant elle constitue un facteur de sous-développement et un problème majeur à résoudre pour parvenir à l’émergence. Afin de répondre aux défis qui se posent à lui en matière de genre et notamment l’atteinte des ODD y relatifs, le Gouvernement du Cameroun s’est doté d’une Politique Nationale Genre pour servir de cadre d’orientation des interventions dans le domaine de la promotion de l’égalité et de l’équité entre les sexes. L’objectif général de la Politique Nationale Genre est de contribuer à l’élimination systématique des inégalités entre les femmes et les hommes à tous les niveaux de la vie sociale.

Bien que de nombreux efforts soient consentis par le Gouvernement et les autres partenaires au développement, la situation de la femme au Cameroun reste encore un enjeu majeur :

Dans le secteur de l’éducation, les filles ont moins de chance d’aller au bout de leurs études que les garçons. Le taux brut de scolarisation des filles au primaire est de 110% contre 125% chez les garçons1. Au secondaire, ce taux chute à 53% pour les filles contre 65% pour leurs homologues de sexe masculin; ce qui justifie un taux de déperdition scolaire assez élevé chez les filles.

Dans le secteur de la santé, la prévalence du VIH est encore très élevée chez les femmes, soit 5% chez les femmes de 15-64 ans contre 2.3% chez les hommes de la même tranche d’âge2 ; 34% des femmes éprouvent des difficultés d’accès aux soins de santé surtout en milieu rural où cette proportion atteint parfois plus de 50% dans les régions de l’Est et de l’Extrême Nord.

3 La mortalité maternelle a connu une hausse entre 2004 et 2011 passant de 634 décès pour 100000 naissances vivantes à 738 en 2011.

4S’agissant des Violences à l’égard des femmes et aux filles, les statistiques montrent que 54,6% de femmes ont été victimes d’une quelconque forme de violence à partir de 15 ans contre 9,8% chez les hommes. Les violences conjugales touchent 52,6% de femmes ; 1.4% des femmes ont subi des mutilations génitales avec des proportions atteignant 20% dans les régions de l’Extrême Nord et du Sud-Ouest. Enfin, il convient d’évoquer le mariage précoce qui touche 11,4% de jeunes filles.

Sur le plan socioéconomique, les femmes au Cameroun constituent 51,5% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté sur une moyenne nationale de 39%. Pourtant, ces femmes consacrent en moyenne 8,2 heures de plus par semaine aux travaux domestiques non rémunérés et sont à 79,2% en situation de sous-emploi.

Le taux de chômage féminin est de 4.5% contre 3.1% chez les homme5. Par ailleurs, 50,6% de femmes contribuent au financement des dépenses du ménage et 63,2% à leurs dépenses personnelles. Mais elles sont seulement 3% propriétaires d’une maison sans titre foncier et 1,6% sont propriétaires d’un titre foncier en leur nom. En effet, les statistiques du Ministère en charge des affaires foncières font état de ce que seulement 13,6% des titres fonciers délivrés au Cameroun depuis 1972 appartiennent aux femmes6. On peut donc aisément comprendre que seulement 16,8% de femmes bénéficient d’un crédit pour un usage quelconque.

Dans le domaine de l’économie numérique et malgré les efforts consentis, on observe que 32,8% de jeunes filles de 15-24 ans ont accès à un ordinateur contre 47,5% chez les garçons et 18,9% de jeunes filles de 15-24 ans utilisent internet contre 39% de garçons.

En matière de leadership et participation Politique, 99 % des femmes n’assument aucune fonction politique ou de dirigeante : les données actuelles présentent la situation ci-après :

Tableau 1 : récapitulatif de la répartition des postes sur le plan politique et administratif

Domaine de responsabilité

Femmes

Hommes

Exécutifs Municipaux

8,3% (31)

91,7% (343)

Leader de parti politique

13

278

Parlement

31% (56 Députés)

26% (26 Sénateurs)

61% (124 Députés)

74% (74 Sénateurs)

Conseil Constitutionnel

1

10

Ministres et Assimilés

11

59

Administration Locale Gouverneur

Gouverneur 0

Préfets 2

Sous-Préfets 15

Gouverneur 10

Préfet 56

Sous-Préfet 345

Source : Compilation UN Women

Sur le plan institutionnel, le Cameroun, comme la plupart des pays africains a ratifié la majorité des conventions et résolutions internationales de promotion des droits des femmes. Ainsi, la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF) a été signée le 06 juin 1983. De même, la plateforme d’actions de Beijing, le Protocole de Maputo, le Programme d’Action de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), les Objectifs de Développement Durable (ODD) et la Déclaration d’Addis-Abeba sur l’Egalité entre les Hommes et les Femmes en Afrique ont tous été ratifiés par le Gouvernement du Cameroun. Plus encore, un ministère autonome chargé des questions de genre est créé. Bien que le cadre normatif qui concourt à la promotion et à la protection des droits de la femme contienne de nombreux instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux pertinents, il ne garantit pas pour autant l’exercice et la jouissance par la femme de l’ensemble des droits qui lui sont ainsi reconnus. Les projets de lois initiés depuis plusieurs années dont l’un relatif aux violences à l’égard des femmes et l’autre portant Code des Personnes et de la Famille ne sont pas encore adoptés.

Parmi les facteurs qui limitent l’impact de ces textes, on peut citer entre autres, l’insuffisance de leur vulgarisation, l’insuffisante harmonisation de la législation interne avec les instruments juridiques internationaux spécifiques à la protection des droits de la femme, l’application mitigée des dispositions légales et réglementaires en vigueur, la coexistence du droit écrit et de la coutume, la réticence de certains acteurs judiciaires à appliquer les textes. L’amélioration de l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes comptent parmi les défis majeurs du Cameroun pour l’atteinte des objectifs fixés dans sa Vision à l’horizon 2035, son Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi et la réalisation des Objectifs de Développement Durable.

Conscients de ces enjeux sur le développement du pays, le Gouvernement du Cameroun, avec l’appui des partenaires au développement et la société civile, a conduit ces cinq dernières années, un ensemble de d’actions fortes visant à améliorer le statut et la condition de la femme et de la jeune fille dans plusieurs domaines.

Progrès

En termes de progrès réalisés au cours des 5 dernières années, il faut noter :

 - le renforcement du cadre juridique interne sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et son arrimage progressif à la CEDEF ;

- l’amélioration de l’accès des femmes à la prise de décision politique (Sénat, Gouvernement) et dans les postes non électifs (Sociétés d’Etat, Administration publiques, Diplomatie, Commandement territorial, Justice…)

- l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant y compris dans le domaine de la santé de reproduction et le VIH ;

- l’amélioration de la scolarisation des jeunes filles dans l’ensemble du territoire national ;

-le renforcement de la lutte contre les violences basées sur le genre faites aux femmes et aux filles ;

 - le renforcement du pouvoir économique des femmes notamment en milieu rural et l’accès aux infrastructures de base, à la terre et aux finances ;

- la promotion de l’entreprenariat féminin ;

- l’accès des femmes et jeunes filles aux technologies clefs dont l’informatique et des communications Au-delà des progrès réalisés, de nombreux défis subsistent et parmi les plus saillants :

- l’insuffisance vulgarisation des lois existantes, l’insuffisante harmonisation de la législation interne avec les instruments juridiques internationaux spécifiques à la protection des droits de la femme, l’application mitigée des dispositions légales et réglementaires en vigueur, la coexistence du droit écrit et de la coutume, la réticence de certains acteurs judiciaires à appliquer les textes ;

-  l’absence d’un fonds d’appui pour accompagner les femmes chefs d’entreprises ;

- les successives crises humanitaires dans les Régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, de l’Extrême-Nord et de l’Est, qui amenuisent les nombreux efforts consentis depuis plusieurs années ;

-  la faible intégration du genre dans les politiques/projets et programmes des secteurs ;

-  le très faible budget alloué aux questions de genre (MINPROFF 2%) ;

-  une faible coordination des interventions en matière de genre ;

- les résistantes culturelles notamment en zone rurale, justifiant la persistance de certaines pratiques culturelles néfastes telles que le mariage de jeunes filles.

Défis

Entre autre, l’un des défis de l’applicabilité de cet objectif est le très faible budget alloué au ministère en charge des questions de genre (MINPROFF (2%).

Sources

1 Annuaire statistiques de l’éducation 2018

2 Rapport de l’enquête CAMPHIA 2018

3 MICS 2014 4 EDS-MICS 2011

5 ECAM 4

6 Annuaire Statistiques du MINDCAF 2015